BIOGRAPHIE (officielle)
Jacques et Marcelle MORGANTINI
Jacques Morgantini est né le 21 février 1924 à Montbéliard dans le département du Doubs en France. Son épouse Marcelle Morgantini est originaire du département de la Sarthe.
A 14 ans, Jacques découvre la musique Jazz avec les disques de démonstration qui accompagnaient les premiers électrophones que vendait son père.
C’est en faisant ses études de chimie à Toulouse qu’il organise une conférence pour Hughes Panassié le précurseur français de la connaissance du Jazz et fondateur du Hot Club de France premier Club dans le monde consacré à la défense et illustration de la musique de Jazz, dont il est le président.
Jacques participe activement aux recherches sur la connaissance du Jazz aux côtés d’Hughes Panassié qui lui propose d’être le vice-président du Hot Club de Jazz français. Tâche qu’il assumera pendant 22 ans.
Durant la seconde guerre mondiale, Jacques Morgantini commence ses recherches sur la connaissance du Blues et fonde en 1945 le Hot Club de Pau, structure associative qui lui permettra d’organiser des concerts de Jazz et de Blues pour faire connaître cette musique.
Il développe un réseau de correspondants américains avec lesquels il échange des disques : disques de Jazz français contre disques de Blues américains.C’est ainsi qu’il découvre petit à petit de nombreux musiciens chanteurs, guitaristes, harmonicistes ou pianistes.
En 1951, avec l’aide du Hot Club de France, il fait venir Big Bill Broonzy en France qui séjournera 8 jours chez les parents de Jacques à Pau. Chaque jour, il interroge Big Bill sans relâche pour parfaire ses connaissances dans le domaine du Blues et apprit beaucoup de ce « grand-frère » américain.
Lors d’une conférence sur le Blues qu’il donne dans un institut de formation des instituteurs dans la banlieue de Pau, il rencontre Marcelle Chailleux, celle qui deviendra son épouse.
Puis il fait la connaissance à Bordeaux de Jean-Marie Monestier, le propriétaire d’un magasin de disques de Jazz et Blues qui souhaite faire venir des groupes de musiciens américains en France. Jacques lui propose alors de l’aider en lui faisant la liste des musiciens de Blues et de Jazz à contacter.
Ils mettent en place les tournées du Chicago Blues Festival gérés par Jean-Marie Monestier.
Lors des passages de ces musiciens à Pau, Jacques et Marcelle les invitent à la maison où ils les interrogent sur leur vie et leur musique afin de parfaire concrètement leurs connaissances sur le Blues. Jacques les enregistre en privé ou lors de concerts publics à Pau, Bayonne, Biarritz, Bordeaux, Orange et Nice constituant ainsi une collection exceptionnelle d’enregistrements inédits.
Il est également le superviseur des enregistrements de ces bluesmen pour le label Black&Blue et Blues Référence fondés et gérés par Jean-Marie Monestier.
Il enregistre John Lee Hooker dans sa maison à Gan (France) pour produire le disque « Get back home » et fait réaliser le premier disque européen de Memphis Slim à Bayonne par le label Agorila.
Il écrit bon nombre d’articles de Blues et Jazz dans la revue du Hot Club de France ainsi que d’innombrables critiques musicales sur les différents disques et labels. Il est à l’origine de multiples compilations de Blues et Jazz à partir des disques de sa collection personnelle. Notamment il lance pour RCA France la collection BLACK AND WHITE, et réédite toute la série en microsillons, de tous les grands musiciens de blues, LA BLUEBIRD BLUES ANTHOLOGY en partant de ses exemplaires 78 tours.
Il est à l’origine d’une série de disques CD cette fois , et dès 1986, JAZZ FOR EVER, et BLUES FOR EVER qui donnait aux amateurs, pour la première fois, l’accès en CDs à la musique des légendes du Blues Rural des années 30.
Egalement plus de 100 CDs de compilations des grands musiciens de Jazz et de Blues, surtout ceux qui étaient peu connus des amateurs pour la marque EPM, ainsi que pour FREMEAUX & ASSOCIES.
De même une série de 8 microsillons RIVERBOAT consacrée à des musiciens ignorés des amateurs, à l’époque, comme Roy Milton, Amos Milburn, Cecil Gant, Cousin Joe, …
Durant les années 70, et après avoir côtoyé une kyrielle de musiciens de Blues lors des concerts qu’ils organisaient, Marcelle, séduite par cette musique et la personnalité de ces musiciens, décide alors de se rendre à Chicago dans les quartiers noirs du south side et du west side afin d’enregistrer cette musique au cœur même de son origine. Jacques la conseille sur le choix des musiciens et des groupes à enregistrer.
Marcelle Morgantini se rend à Chicago pendant plusieurs années pour enregistrer des bluesmen alors inconnus en compagnie de son fils Luc à qui Jacques enseigne, au préalable, les rudiments des méthodes d’enregistrement « live » avec un magnétophone NAGRA IV S et une table de mixage. Sur place, à Chicago, ils bénéficient de l’aide de musiciens comme Jimmy Dawkins, les frères Myers, Freddy Below, Big Voice Odom … et de Jim O’ Neal le fondateur de la revue « Living Blues » afin de faciliter leur introduction dans le milieu du Blues et des quartiers noirs.
Les séances d’enregistrement se succèdent entre 1975 et 1977, et il faut souligner la qualité des enregistrements réalisés par leur fils Luc alors âgé d’une vingtaine d’année.
Au retour de Chicago, Jacques sélectionne les morceaux pour la réalisation des disques et Marcelle écrit les éléments pour la pochette.
C’est ainsi que fût créé le label MCM* (Marcelle Chailleux Morgantini) regroupant 17 vinyles.
Ces enregistrements « live » réalisés dans les petits clubs de Chicago sont à l’origine de la carrière internationale de nombreux artistes de Blues comme Magic Slim, Jimmy Johnson, Big Voice Odom, … et délivre le seul et unique enregistrement au monde de Bobby King.
(* voir discographie du label MCM)
Marcelle nous quitte pour toujours en 2007. Elle laisse derrière elle un patrimoine musical exceptionnel et de portée historique.
Actuellement et à 92 ans, Jacques Morgantini continue à enregistrer des bluesmen dans sa maison, organise des concerts de Blues, poursuit son travail de critique musical, anime des radios sur le thème du Jazz et du Blues, organise des stages et donne des conférences pour partager sa connaissance au plus grand nombre.
En 2017, il sera convié pour donner une conférence sur la signification des paroles dans le Blues au Cahors Blues Festival en France, là où son nom figure sur le « Marker » de la Blues Fondation.
Pionniers français de la connaissance du Blues et de la reconnaissance des ces artistes au coeur même de Chicago, la contribution de Jacques et Marcelle Morgantini est d’une importance capitale pour la promotion du Blues et de son histoire. Sans oublier leur fils Luc, le « preneur de son » des sessions de Chicago.
La spécificité de cette connaissance réside dans le fait qu’elle a été acquise dans un contact privilégié auprès des artistes en tournée en France et dans leur environnement à Chicago.
Leur travail et leur passion pour la « musique du diable » sont retracés dans le documentaire musical « Mémoire de Blues » paru en 2016.
Site internet
Jacques GASSER (France – 09 Août 2016)
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ENGLISH translation
BIOGRAPHY (official)
Jacques and Marcelle MORGANTINI
Jacques Morgantini was born on the 21st of February 1924 at Montbeliard in the Doubs. His wife Marcelle comes from the Sarthe.
At the age of fourteen Jacques discovered music, real Jazz, on the old vinyl discs which provided samples to accompany the ‘electrophones’ (early gramophones) that his father sold. While he was studying chemistry at Toulouse he organised a lecture by Hughes Parnassie, the first Frenchman to become an expert in jazz and founder of the Hot Club de France, the first club in the world devoted to the dissemination of real jazz, a club of which Hughes was the president.
Jacques worked with Hughes researching Jazz and its penetration into France and Hughes invited him to become vice-president of the Hot Club de France, a post he held for 22 years.
During World War II Jacques worked on his knowledge of the Blues and in 1945 founded the Hot Club de Pau. This association was the vehicle though which he organised Jazz and Blues concerts in the region with the aim of expanding knowledge of the new music. At the same time he developed a network of correspondents in America with whom he exchanged records: French Jazz against American Blues. In this way he slowly built up a good knowledge of singers, guitarists, harmonica players and pianists.
In 1951, with the help of the Hot Club de France, he invited Big Bill Broonzy to France and Big Bill stayed a week with Jacques’ parents in Pau. He talked to his American ‘big brother’ every day and learnt a great deal from him about the Blues and what they meant.
On one occasion, lecturing on the Blues at a teacher-training college in a suburb of Pau, he met Marcelle Chailleux who would become his wife.
On another occasion he met Jean-Marie Monestier, owner of a record shop in Bordeaux specialising in Jazz and Blues who wanted to bring groups of American musicians to France. Jacques suggested that he could help him by compiling a list of the best people to invite.
Together they set up the tours known as the Chicago Blues Festival with Jean-Marie as director. During these tours, when they came to Pau, Jacques and Marcelle invited the musicians to their house and interviewed them about their lives and their music, getting a deeper knowledge of the Blues with every visit. Jacques recorded them privately at home as well as at their concerts in Pau, Bayonne, Biarritz, Bordeaux, Orange and Nice; this was the basis of his an exceptional collection of unpublished recordings.
Jacques was also the recording–supervisor for Monestier’s labels ‘BLACK & BLUE” and ‘BLUES REFERENCE’,
He recorded John Lee Hooker in his house in Gan in the Pyrenees Atlantiques for the record ‘Get Back Home’ and in Bayonne he produced the first European recording of Memphis Slim for the Agorila label.
He has written several articles on Blues and Jazz for the Hot Club de France magazine and has written a considerable number of reviews and critical pieces about different records and labels.
He has used his personal collection of Jazz and Blues recordings to form the basis of a large number of records.
In particular he launched the RCA France collection BLACK AND WHITE and re-recorded all the great Blues musicians, who previously had been available only on the old ‘78’ discs, onto LPs to create the BLUEBIRD BLUES Anthology.
In 1986 he moved on to CDs producing JAZZ FOREVER and BLUES FOREVER which gave a new generation of enthusiasts their first chance to hear the Rural Blues legends of the 1930s on CD.
And then he went on to create more than 100 CDs of compilations of the Jazz and Blues greats, especially the lesser-known ones, for the EPM label and for FREMEAUX & ASSOCIES.
And then a series, in 8 LPs called RIVERBOAT revealing the talents of musicians, unknown even to enthusiasts at the time, such as Roy Milton, Amos Milburn, Cecil Gant, Cousin Joe.,,
During the 1970s Marcelle, having spent so long in the company of Blues artists during the concerts she had organised with her husband and being greatly attracted to them as people, decided to go to Chicago. She visited the black areas of the South Side and the West Side of the city in order to record Blues music in the very place it originated. Jacques of course advised her on which and groups to record.
Marcelle went back to Chicago several times over the years to record her little-known Blues musicians. She took her son Luc with her after Jacques had taught him the basics of live recording on a NAGRA IV S tape recorder and a mixing desk. In Chicago they were helped to get into the world of Blues musicians and into the black areas of town by such players as Jimmy Dawkins, the Myers brothers, Freddy Below, Big Voice Odom and Jim O’Neal, founder of the magazine Living Blues.
These recording sessions took place between 1975 and 1977. The quality of the reproduction is amazing especially considering that the sound engineer, Luc, was only around twenty years old at the time.
When Marcelle and Luc got back from Chicago Jacques made his selection of pieces to put on discs and Marcelle prepared the written material for the leaflet that accompanied them. This was how the MCM label, which consists of 17 vinyl discs, came into being (MCM = Marcelle Chailleux Morgantini).
These live recordings, made in the little Jazz-clubs of Chicago, were the starting-point for the international careers of a number of blues musicians such as Magic Slim, Jimmy Johnson, Big Voice Odom and others. They also gave the world the one and only recording of Bobby King. (See the MCM label discography below.)
Marcelle died in 2007. She left behind a heritage of exceptional music of historical importance.
Now 92, Jacques Morgantini is still recording the Blues at his home. He organises Blues concerts, continues to work as a music critic, presents radio programmes of Jazz and Blues, organises courses and gives lectures to share his knowledge with as many people as possible.
In 2017 he has been invited to lecture on the significance of the Blues lyric at the Cahors Blues Festival in France. In Cahors his name is on the ‘Marker’ of the Blues Foundation.
Jacques and Marcelle Morgantini made a huge contribution to the spreading of our knowledge of the Blues and to its history. They were pioneers in bringing the Blues to France and even in the recognition of Blues artists in the very heart of Chicago itself. And we can’t forget their son Luc, amateur sound engineer of the Chicago sessions.
The Morgantinis’ knowledge is of a very special kind. It was acquired by personal contact with the artists concerned both on tour in France and at home in Chicago.
Their work and their passion for ‘the devil’s music’ (as it was once known) can be discovered in the documentary film ‘Memoire de Blues’ of 2016.
Website: www.memoiredeblues.org
Jacques GASSER
FRANCE / August 2016
English translation:
Lance BUTLER
SCOTLAND / August 2016